
Biographie : Professeure de Sciences de la Vie et de la Terre au lycée français de Palma de Majorque, Hélène Hédin a choisi de mettre sa carrière entre parenthèses pendant 8 ans afin de tenter de répondre aux deux questions fondamentales qui l’avaient toujours habitées et auxquelles ses études scientifiques n’avaient pas apporté de réponse : « Comment expliquer le mystère de la vie ? » et « Qu’est ce qui ne tourne pas rond dans notre espèce ? ». Pour cela, elle a utilisé diverses voies d’accès à la connaissance telles que la méditation, la contemplation, la lecture de nombreux ouvrages et articles scientifiques dans des domaines très variés (biologie, psychologie, sociologie, philosophie, spiritualité, etc.), tout ceci couplé à une démarche de guérison intérieure à partir des enseignements de ses propres expériences de vie. Son livre, Homo captivus, est le fruit de ces 8 années de recherche.
Il n'est pire prison que celle dont les barreaux sont invisibles.
À l'état sauvage, nombre d'espèces sociales (telles que loups, babouins ou chimpanzés) forment des structures hiérarchiques fondées sur l'expérience acquise et le respect de normes éthiques: le lien à l'autre passe avant l'intérêt individuel, les pulsions égoïstes sont régulées, le partage et l'entraide sont récompensés. En revanche, dans un environnement toxique en captivité, ces mêmes espèces forment des sociétés sans foi ni loi des hiérarchies de dominance fondées sur la compétition pour l'accès aux ressources et leur accaparement.
Force est de constater que les sociétés humaines civilisées ont un modèle de développement comparable à celui des animaux des zoos. Mais de quoi sommes-nous donc captifs ?
Ce livre est disponible en version papier et e-pub.
Petit survol pour s'en faire une idée
Je l'ai construit avec de petits extraits du livre:
Origine de la violence humaine :
Des études montrent que le taux d’agression mortelle est environ 7 fois plus élevé chez les humains que chez les animaux. Elle varie chez nous en fonction de l’environnement socio-politique ou culturel. Chez les animaux, elle varie en fonction de leur survie liée au territoire surtout.
Notre modèle occidental d'organisation de la société est fondé sur un système socio-économique pyramidal : en haut une élite en bas monsieur et madame tout le monde. En janvier 2016, le rapport Oxfam indiquait que pour la première fois dans l’histoire, nous avions dépassé un seuil fatidique : 1 % de la population mondiale possédait désormais plus que les 99 % restants. En 2020, les dix hommes les plus riches du monde avaient un patrimoine cumulé de 858,1 milliards de dollars, soit plus que le PIB des 85 pays les plus pauvres de la planète. Pendant ce temps, la grande majorité des humains vivait dans la pauvreté.
" La pyramide socio-économique définit les règles du jeu de l’accès à l’argent, qui permet à son tour de satisfaire nos besoins fondamentaux. Afin d’assurer notre survie, nous sommes obligés de « jouer le jeu » des dominants, de nous conformer au référentiel imposé. L’insuffisance des revenus, qui concerne la plupart des gens, justifie les comportements tels que la compétition acharnée, la lutte de tous contre tous, les guerres pour l’accès aux ressources, l’exploitation et les innombrables conflits entre individus ou nations."
Fondement des hiérarchies: Le lien d’attachement mère-enfant est la première étape de la socialisation, chez l’Homme comme chez l’animal. L’amour maternel, en prenant en charge l’intégralité des besoins physiologiques, de protection et d’affection des petits dans un premier temps, puis en éduquant ces derniers à l’autonomie via le sevrage dans un second temps, est le garant de leur équilibre psycho-émotionnel.
Cette « force intérieure » est la clé de leur adaptation future au monde.
Les meilleurs / ceux qui réussissent:
L’animal qui éduque ne le fait pas pour réaffirmer sa position hiérarchique, pour empêcher qu’un autre prenne sa place ou pour s’approprier une ressource, mais par coopération et « responsabilité » envers les plus jeunes. La société est égalitaire en ce qui concerne les compétences et les savoir-faire, mais inégalitaire ou élitiste du point de vue du savoir-être et de l’expérience acquise. Ainsi, chez l’animal social, il n’y a pas ceux qui réussissent et ceux qui échouent. Il y a des individus plus expérimentés que d’autres qui collaborent dans un but commun : socialiser et éduquer les plus jeunes. « En comparaison avec les autres animaux sociaux, pensai-je, l’occidental moyen souffre sans aucun doute possible d’une grave lacune éducative. Il semble que nous ayons perdu les normes éthiques, les codes de l’éducation et de la socialisation de notre propre espèce ! Mais pourquoi cela ? » Qui dit problème d’éducation dit problème au niveau des éducateurs, des modèles, et du message qu’ils transmettent…
Leadership dans la nature, chez les humains : Dans la nature, le leader mâle ou femelle est le symbole de la « force tranquille », l’unificateur, l’autorité bienveillante, le plus sage et le plus juste, à la fois ferme et empathique. C’est un référent car il a acquis une confiance en lui et une reconnaissance sociale grâce à son vécu (ses expériences et ce qu’il en a appris). Par conséquent, le leader est un exemple, un pilier. Il joue un rôle de transmission, à la fois de son patrimoine génétique (via la reproduction) et de son savoir acquis (via l’enseignement). Rien à voir avec les dirigeants de nos sociétés modernes ! Sauf un point commun: le leader dispose d'une meilleure capacité d'adaptation.
Origine de la peur et du manque :
Le Néolithique fut marqué par une transformation radicale de la vision du monde des humains civilisés. Autrefois nomade, intégré dans un environnement naturel bienveillant et nourricier auquel il se sentait appartenir, l’Homme sédentaire perdit la foi en la nature. Il s’en sépara alors peu à peu et devint le maître du jeu : un être capable de contrôler son environnement pour le plier à ses besoins. Mais cette nouvelle identité ne fut pas de tout repos : la précarité des conditions de vie, le manque de connaissances agricoles, les pénuries fréquentes et l’incapacité à revenir en arrière une fois le processus de sédentarisation enclenché semblent être à l’origine de cette peur du manque chronique.
Origine du pouvoir: à partir du Néolithique moyen (- 5 000 av. J-C) avec la compétition pour le territoire, une autre peur fondamentale devint chronique et s’enracina dans la psyché humaine : l’insécurité, autrement dit, la peur de l’autre. Celle-ci fut à l’origine de l’apparition du pouvoir politique dominateur et guerrier. Il est intéressant de constater que pouvoir et violence sont liés. À partir de ce moment, les Hommes entrèrent dans l’engrenage de l’agressivité, de l’exploitation et de la guerre. Peu à peu, les représentants du pouvoir spirituel et politique commencèrent à accumuler privilèges et honneurs, et les inégalités sociales s’intensifièrent. Notre organisation sociale actuelle, pyramidale, hiérarchisée et déconnectée de la nature, est donc bien héritée du Néolithique. Plus globalement, notre civilisation occidentale fondée sur la compétition et la loi du plus fort mais aussi sur la technologie, le progrès et l’utilisation irraisonnée des ressources naturelles n’est que la continuité de cette logique préhistorique.
Elle est même pathologique; notre société moderne pourrait être la simple continuité d’un modèle sociétal post-traumatique hérité du Néolithique : un système de domination pyramidal et inégalitaire qui nous semble normal, tant nous sommes conditionnés et forcés de nous y adapter dès notre plus jeune âge, mais qui en réalité présente une importante dimension pathologique...
L’agriculture : une réponse au traumatisme ?
À la fin du Dryas (10'900 à 9'700 av. J.C) , lorsque l’environnement redevint stable et le climat clément, les survivants purent enfin sortir de leur état de stress chronique, relâcher la pression provoquée par la sensation de danger permanent et reprendre leurs esprits. Mais traumatisés par ces événements incompréhensibles, dévastés par les pertes humaines répétées, épuisés par la quête de maigres ressources durant des siècles et par les incessants conflits, ils furent incapables de retrouver l’état de calme et de sérénité qui avait régné chez leurs ancêtres 1200 ans plus tôt. Il se pourrait bien dès lors que l’agriculture ne soit pas la cause de la peur du manque mais la réponse apportée à cette peur, une sorte de mécanisme d’évitement traumatique, un moyen d’empêcher l’angoisse de mort d’être ressentie à nouveau. L’État néolithique, pyramidal et inégalitaire, dont notre modèle occidental est la simple continuité, pourrait donc être considéré comme une solution palliative au traumatisme collectif : un gigantesque système d’évitement, dispensant chaque membre du groupe de se trouver confronté à ses mémoires traumatiques non résolues. Ce système serait en réalité voulu par tous.
De l’individualisme à l’unité :
Tous les êtres vivants sont insérés dans des réseaux et échangent en permanence des informations subtiles entre eux et avec l’environnement, qu’ils soient membres de la même espèce ou d’espèces différentes. Les êtres vivants interagissent entre eux et avec leur milieu. Ils modifient par leur présence et leur action l’environnement lui-même : on dit qu’ils sont en équilibre dynamique avec leur milieu. Ainsi, la vision darwiniste de la sélection naturelle, où tout être vivant s’adapte passivement et individuellement face aux contraintes de l’environnement n’est pas conforme à la réalité et il convient d’actualiser notre vision de l’évolution. Rien n’est séparé. L’être humain lui-même n’est séparé ni de ses semblables ni de son environnement, ni des autres espèces. L’altruisme et la coopération sont des stratégies extrêmement répandues dans la nature, de l’échelle cellulaire à celle des écosystèmes. Toute forme de vie possède des compétences spécifiques, l’attirant naturellement vers certaines tâches ; Celles-ci correspondent justement aux fonctions pour lesquelles cet être peut être utile à l’ensemble. Les êtres vivants ne sont ni séparés entre eux ni séparés de leur milieu. L’intelligence n’est pas une faculté propre à l’Homme et il est tout à fait possible de l’étendre au règne animal. Il n’existe pas une intelligence, mais de multiples formes d’intelligence toutes plus extraordinaires les unes que les autres, aussi bien chez l’Homme que chez l’animal. L’ADN comme l’ARN sont une grande source de créativité au cœur du Vivant. Toutes mes connaissances, toutes mes certitudes commençaient à vaciller. Mais passé la sensation d’ébranlement, c’est un sentiment d’émerveillement, de profondeur et d’humilité qui s’installa en moi. La vie retrouvait peu à peu sa dimension sacrée, dimension que notre espèce avait perdue il y a fort longtemps, lorsque nous décidâmes que la nature était une ennemie cruelle et sans pitié qu’il fallait dominer. Je retrouvai, finalement, la connaissance de tous les peuples animistes de la planète qui savaient intuitivement (sans nul besoin de réflexivité), que toutes les formes de vie avaient un « esprit » qui les animait.
Contrairement aux autres êtres vivants qui expriment naturellement et instinctivement qui ils sont dans le monde, l’être humain aspire à se connaître en tant qu’être unique, à répondre consciemment à la question « qui suis-je ? ». Voilà, à mon sens, la différence fondamentale entre l’expérience humaine et l’expérience animale. Chaque être humain présente à la naissance un potentiel immense et unique d’auto-accomplissement. Dans l’optique de se réaliser, le but est donc de trouver qui l’on est (quels sont ses qualités, ses dons et talents uniques, ses valeurs et aspirations les plus profondes), développer ce potentiel puis l’exprimer (lui donner une forme concrète) pour l’offrir au monde et coopérer avec les autres : voilà, à mon sens, la véritable signification du mot « vivre ».
A l’heure du bilan :
La modernité représente le paroxysme de l’expérience de séparation de l’Homme civilisé puisqu’elle nie totalement l’existence d’une transcendance et rejette toute spiritualité. Aucune autre vision du monde n’avait osé aller aussi loin. En nous déconnectant de la nature et en voulant régir le monde avec nos propres règles purement matérialistes, nous sommes arrivés à un « cul de sac évolutif » : nous avons créé un désordre mondial sans précédent et nous nous dirigeons tout droit vers l’autodestruction. À l’inverse, les écosystèmes naturels sont résilients, auto-suffisants, auto-régulés et capables de régénération. « L’expérience de la modernité, pensai-je, a permis de prouver avec brio l’existence d’un Ordre naturel et d’une transcendance par une double démonstration scientifique : d’une manière directe par l’investigation et l’expérimentation (grâce aux découvertes scientifiques successives) et d’une manière indirecte, par l’absurde, en présupposant leur absence et en échouant à créer un monde équilibré et harmonieux par l’application des seuls principes matérialistes. Dans le fond, nous pouvons donc lui dire merci…
Un retour conscient à l’ordre naturel :
1. La vie est une et indivisible. Les êtres vivants sont à la fois séparés (dans le sens où leurs corps sont distincts) mais interconnectés. Ils forment un ensemble de relations complexes en réseau cohérent, et sont reliés entre eux par cette intelligence, par l’intermédiaire d’informations subtiles.
2. Toutes les interactions entre organismes, même lorsqu’elles mettent en jeu des forces antagonistes, sont d’une manière ou d’une autre des formes de coopération (des relations « gagnant-gagnant »).
3. Cependant, l’être humain doit prendre conscience que la vie, elle, ne se trompe pas. Le manque de perfection apparent de certaines réponses biologiques ne provient pas de la nature mais de l’interprétation humaine, ou de l’action de l’Homme déconnectée de la nature.
4. La vie est une intelligence dotée d’une intentionnalité guidant l’évolution de toutes les formes dans lesquelles elle s’exprime.
5. On peut en déduire une pensée plus saine, totalement en phase avec la vision du monde des peuples premiers : « nous sommes tous interconnectés, insérés au sein d’un vaste réseau du vivant, guidés par une intelligence universelle bienveillante qui désire notre auto-réalisation en coopération avec les autres. »
Oui, la vie est une intelligence dotée d'une intentionnalité spécifique et précise qui régit l'univers entier, lui donne forme et stabilité.
Oui, « nous sommes tous interconnectés, insérés au sein d’un vaste réseau du vivant, guidés par une intelligence universelle bienveillante qui désire notre auto-réalisation en coopération avec les autres. »
Celle-ci toutefois nous laisse semble-t-il un certaine liberté de choix, y compris semble-t-il la possibilité de détruire notre Terre, son éco-système et notre espère!
Si les principes matérialistes ont bien par leur attachement aveugle à Darwin échoué à créer un monde équilibré, le savoir ne nous dit pas encore comment en sortir concrètement pour améliorer l'organisation et le fonctionnement de nos sociétés: quelles valeurs faudrait-il mettre en place? Quelle transcendance pourrait nous aider à mieux redéfinir le mot vivre?
Nous reconnecter à la Nature est un passage obligé. Je crois toutefois qui faudra aussi changer de référentiel scientifique et technologique en privilégiant - comme tente déjà de le faire Nassim Haramein notamment - des énergies propres, disponibles, abondantes et non polluantes, le contrôle de la gravité (pour être à même de voyager dans l'espace), l'abandon d'une chimie agressive, d'une médecine qui traite surtout les symptômes, etc. Autant d'éléments qui vont aider à bâtir une réalité suffisamment bonne pour toutes et tous, ce qui devrait calmer grandement nos peurs de manquer...
Mais par dessus tout, je crois qu'il faudrait revenir à une spiritualité globale comme celle proposée par J.P Garnier-Malet - capable de nous aider à mieux interagir avec cette intelligence bienveillante à l'oeuvre partout dans l'univers qu'il appelle notre double, nous-mêmes dans un autre espace-temps avec des capacités immenses, cet autre en lien avec cette intelligence bienveillante, cet autre qui fondamentalement nous veut du bien à la seule condition que nous le sollicitions et le laissions faire...En le laissant nous guider, nous conseiller, nous inspirer - tout en restant libre de nos choix - nous trouverons obligatoirement la sécurité et la sérénité, avec en plus la compréhension de ce que nous sommes venus faire en nous incarnant.